23 avril 2015

Comme eau de source : Tuva & Mia




RASCAL FLATTS
I Won't Let Go Lyrics
It’s like a storm
That cuts a path
It breaks your will
It feels like that
You think you're lost
But you're not lost
On your own
You're not alone

I will stand by you
I will help you through
When you’ve done all you can do
And you can’t cope
I will dry your eyes
I will fight your fight
I will hold you tight
And I won't let go
It hurts my heart
To see you cry
I know it’s dark
This part of life
Oh, it finds us all
But we’re too small
To stop the rain
Oh, but when it rains
I will stand by you
I will help you through
When you’ve done all you can do
And you can’t cope
I will dry your eyes
I will fight your fight
I will hold you tight
And I won't let you fall
Don’t be afraid to fall
I’m right here to catch you
I won't let you down
It won't get you down
You're gonna make it
Yeah, I know you can make it
Cause I will stand by you
I will help you through
When you’ve done all you can do
And you can’t cope
And I will dry your eyes
I will fight your fight
I will hold you tight
And I won't let go
Oh I’m gonna hold you
And I won't let go
Won't let you go
No, I won't

Merle enneigé d'avril

Photo Jacques Desmarais,  Merle enneigé, Béthanie, 23 avril 2015.

22 avril 2015

Jour de la Terre vu du Littoral


« Une prophétie autochtone, partagée autant par les Nez Percé de l’Idaho et les Sioux des Prairies que les Mohawks des Grands Lacs et les Mi’kmacs de l’Atlantique, est actuellement ravivée pour faire face aux temps apocalyptiques actuels, après avoir jadis servi à la résistance contre le chemin de fer et les autoroutes. Elle dit qu’un serpent noir surgira des montagnes et parcourera le continent, empoisonnant les eaux et les animaux sur son passage, et que si on ne l’en empêche, il étranglera l’île de la Tortue ! De toute évidence, il s'agit du pipeline. Et les autochtones s’organisent en conséquence : les Lakota annoncent qu'ils ont monté leurs chevaux et peint leur visages, promettant une « résistance épique » au serpent Keystone XL, si bien que sa route vers le Golfe du Mexique semble définitivement compromise. Alors que la victoire des Tsilhqot’in du Pacifique en cour suprême bloque la sortie vers l’Ouest, il ne semble rester que l’option québécoise. En chemin, les Mishkeegogamang du Lac Supérieur appellent à un front commun entre les nations rouges, blanches, jaunes et noires pour lui barrer le passage. Pourrons-nous entendre leur appel ? [...]
Alors que les voies de l’ouest et du sud sont bloquées au serpent, l’incidence du destin l’amène à longer le fleuve dont nous habitons les grèves, et où coule un quart de l’eau potable de la planète.
Prenons acte. Révoquons le serpent. Destituons la couronne. Habitons le monde. »

Récapitulation de la menace principale, Littoral, avril 2015.

21 avril 2015

Mouvement étudant québécois 2015 en suspens

Redire pour soi « Fuck toute » est loin d'être futile pour saisir et partager même superficiellement les formes de vie qui s'esquissent au-delà de la colère de la jeunesse québécoise qui conteste l'austérité, la marchandisation de l'éducation, l'économisme mur à mur. Mais il ne suffit sans doute pas de prêter une oreille amicale loin du terrain où s'est engagé, hélas tout fin seul ou presque, le mouvement étudiant en ce Printemps 2015. 

Hier, j'ai parcouru quelques textes de combats éloquents, surprenants, virulents, mais non sans maladresse, certains entichés de « l'étant », parus sur la page FB du Collectif de Débrayage. Puis, comme Le Devoir dans sa version électronique est livré autour de minuit, il s'est ainsi adonné que je lise à la suite de ces textes le billet du lundi toujours vif de Jean-François Nadeau

Le passage suivant m'a particulièrement frappé :   

« La violence n’est pas un passage obligé [...] Mais pour que la jeunesse de toutes les époques puisse croire à l’idée qu’une révolution pacifique est possible, encore faudrait-il qu’elle puisse raisonnablement se sentir maître de son destin. Cela tient pour beaucoup à des conditions dont la jeunesse ne décide pas. Une étude de l’Université de la Colombie-Britannique publiée le 14 avril montre que ce sont principalement les jeunes qui, au cours des quatre dernières décennies, ont vu leur endettement s’alourdir, leurs revenus baisser et leurs perspectives générales s’assombrir. Et après, comme l’écrivait Sébastien Jean [cf. son entrée du 9 avril « Fuck-toute »] dans une lettre aux lecteurs du Devoir, on se demande, en jouant les vierges offensées, pourquoi une partie de cette jeunesse finit par avoir le goût de tout casser. »  

Ce texte m'a semblé être la suite du billet du 7 avril intitulé La grenouille où Nadeau, un brin moralisateur, critiquait la stratégie et le nihilisme des étudiants. Sauf que les flèches semblent cette fois-ci être décochées en direction de l'administration de l'UQAM, nommément Lise Bissonnette, ancienne Directrice du Devoir, qui en préside le CA.

Or voici ce que Nadeau écrivait (je cite les derniers paragraphes) à l'endroit des étudiants : 

« Nous voici devant des calicots éloquents placés en tête des cortèges des protestataires : " Fuck toute " et  “Mangez toute de la marde”. L’ennemi du mouvement étudiant serait donc la totalité? Celle qui, sociale, récuse toute division? Celle qui, économique, refuse toute gratuité? Celle qui, symbolique, interdit toute magie à l’existence? Le monde visible serait une création d’un esprit foncièrement malin, une grande prison que nous partageons mais que seuls les initiés de pareils cortèges connaissent dans sa vérité? À l’austérité autoproclamée et son arrogance, il faut savoir opposer la vigueur d’une pensée qui tient à tout autre chose qu’un tel nihilisme facile qui n’arrange rien. La mise en échec des revendications du printemps 2012 réclame une prise de conscience en faveur d’un engagement social accru pas seulement du côté de la rue. Le néant vers lequel s’oriente une partie de la protestation actuelle résulte paradoxalement de ce que les étudiants dénoncent parfaitement à raison : un manque d’éducation digne de ce nom. » 

Par ailleurs, aujourd'hui Le Devoir publie un texte d'analyse du Professeur de sociologie à l'UQAM, M. Joseph Yvan Thériault intitulé Quand « l'action directe » aide la droite. Ce spécialiste des tensions sociales — si l'on se fie à sa page personnelle — réfléchi sur l'embardée du mouvement actuel qui visait par contagion une vaste mobilisation populaire vers la grève sociale. Cela n'est pas advenu, et il y a lieu de craindre, poursuit Thériault, des conséquences négatives sur la gauche québécoise tout entière. 

Mais une réflexion, et surtout une mobilisation « Au-delà du Primtemps 2015 », comme le titre dans son blogue Jonathan Durand Folco, ne saurait se limiter à l'analyse de l'influence anarchosyndicale du mouvement étudiant québécois. J'aime beaucoup l'analyse critique de Folco qui va plus loin que le professeur Thériault, et qui, en fait, est beaucoup plus tranchante, sans être moraliste, à l'égard de l'immédiateté de la révolte pourtant nécessaire. 

L'objectif politique majeur de l'après Printemps 2015 devra effectivement réclamer un réinvestissement massif dans le système d'éducation, ce qui suppose une mobilisation populaire effective de tous les acteurs, une coconstruction des significations de l'intérêt général. La position éthico-politique défendue par « l'esprit de l'ours » de Folco comporte plusieurs suggestions pratiques pour mobiliser les ressources et cadrer les enjeux. C'est inspirant, concret, majeur, pas facile du tout!

À la veille du premier mai où plusieurs débrayages sont prévus, c'est à suivre.

Mais pendant ce temps-là, le gouvernement libéral judiciarise les « débordements » éudiants et passe ses lois d'équilibre budgétaire fourre-tout en imposant le bâillon dans le plus grand mépris de la tradition parlemenaire et de la liberté d'expression.

Ce n'est surtout pas le temps de bâiller aux corneilles!


   

***

En complément :

« C’est [...] bien commode d’avoir des étudiants cagoulés par les temps qui courent ; ils sont les parfaits boucs émissaires pour ce qui est d’épingler les entorses démocratiques sur le dos de gens qui nous dérangent. De la même façon que la hantise des femmes voilées — du temps de la charte, mais encore aujourd’hui — nous empêche d’évaluer la véritable égalité hommes-femmes, nous conforte constamment dans nos choix, les dérapages étudiants à l’UQAM nous confortent dans l’idée que c’est eux le problème. L’écran de fumée créé par les radicaux nous empêche de nous regarder dans le miroir pour ce qui est de la transparence et l’imputabilité des élus.
Quand on en arrive à justifier le recours aux policiers à l’intérieur des murs d’une université comme un geste somme toute normal, sans atteinte à l’idéal universitaire ni répercussions sur la « libre circulation des idées », on ne peut qu’en conclure que la démocratie a vu de meilleurs jours. L’université aussi. »

20 avril 2015

L'Orford


Vue de l'Orford bleu par un tournant près du lac Lovering. Avec à peine un zeste de jeu d'ombre baignant les lieux pour se rappeler à son sommet les sonnets d'un grand fils déchu d'une race surhumaine. 

Photo Jacques Desmarais, vue du mont Orford, lac Lovering, Magog, 19 avril 2015
« Mais les mots indistincts que profère ma voix

Sont encore : un rosier, une source, un branchage,
Un chêne, un rossignol parmi le clair feuillage,
Et comme au temps de mon aïeul, coureur des bois,
Ma joie ou ma douleur chante le paysage. »

- Alfred DesRochers, Je suis un fils déchu,
À l'ombre de l'Orford, Fides, 1948, p.37. 

Eduardo Galeano en français


Entretient de Josée Lapointe de La Presse (19/04/2015) avec Alexandre Sánchez, traductrice de Galeano en français et dont les oeuvres sont éditées chez Lux éditeur.


18 avril 2015

Maspero, Grass, Galeano sous le signe abracadabrant

Le département des Lettres est un triple deuil cette semaine. François Maspéro, Günter Grass et Eduardo Galeano se sont comme donné le mot pour sortir de l'horizon ensemble le 13 avril 2015.

Le mot horizon pour Galeano serait sans doute rivé à la marche réelle, aux humbles pas de la multitude, aux histoires du monde qu'on se raconte et qui tissent la persistance, l'Utopie toujours devant soi, celle fondamentalement de bâtir une maison pour tout le monde. La solidarité au jour le jour est un exercice d'humilité, dit-il. Voilà, mine de rien, le grand tapage dans les veines ouvertes de l'histoire des peuples.

C'est en quelque sorte le mot abracadabrant qui nous faudrait peut-être scander comme un tambour qui éprouve le réel et jure au milieu de la parade officielle. Image narquoise inoubliable de Günter Grass dans Le tambour justement, question de faire entrer la politique dans la littérature. 

C'est que j'aime ce mot, autant que le mot galimatias, et presque autant que le mot salmigondis.  J'ai surtout aimé glaner l'abracadabrant dans l'Homme rapaillé de Miron, le grand carillonneur.  Or, il faut rappeler que c'est François Maspero en ses qualités de bricoleur, comme il aime à le dire de lui-même, animé par cette idée, ce ferment d'introduire du poétique à la politique, c'est lui qui publia en France  par amitié et admiration L'Homme rapaillé. Voir Jean Royer, François Maspero : une édition de combat, Le Devoir, 23 janvier 1981.

Mais plus encore. En soulignant le décès de Galeamo, le journal Le Monde dans son édition du 13 avril cite quelques mots d'un entretient que le maître a donné à un journaliste espagnol en 2012.  Voici ce qu'on peut lire : 

 « Je crois, disait Galeano, que les mots ont un pouvoir, comme Serenus Sammonicus, qui, en 208, pour éviter la fièvre tierce, conseillait de se mettre sur la poitrine un mot et de se protéger grâce à lui nuit et jour : c’était “abracadabra” qui signifie en hébreu ancien “envoie ta foudre jusqu’au bout”… Je choisirais également cette phrase. »







Note : Lux éditeur a publié quelques oeuvres de Galeano en français.
cf. la recension de Lisa-Marie Gervais dans Le Devoir en avril 2013.

17 avril 2015

Rayon de justice pour la famille de Víctor Jara

Le journal El Païs rapporte dans son édition du 17 avril 2015 que des procédures ont été entamées pour traîner en justice Pedro Pablo Barrientos, ancien lieutenant de l'armée de Pinochet, accusé d'avoir torturé et assassiné en 1973 le chansonnier chilien Víctor Jara.  

Je suis heureux que cela advienne!

En reprise, aux fins de triste mémoire, voici la touchante chanson de Jean-François Lessard qui rend hommage à Víctor.



« On n'a pas de printemps à perdre ! » - Armand Vaillancourt

Sur la rivière des Prairies, c'est la fuite pas monotone du tout, mais sans hâte des dernières croustades de l'hiver. Au loin, en aval, les goélands criards se laissent dériver au soleil sur les radeaux de glace alors que près de la rive les bernaches au long cours ont repris la lecture tranquille des lieux. 


Photo Jacques Desmarais, 16 avril 2015.

Photo Jacques Desmarais, 16 avril 2015.

Photo Jacques Desmarais, 16 avril 2015.

Photo Jacques Desmarais, bernaches du Canada, 16 avril 2015.




14 avril 2015

René Printemps

Entre les branches, le printemps éphémère...
C'est comme un ancien dimanche qui se détache
dans ce pays de boucane un peu perdu
où parfois l'on souhaiterait être sioui
pour saisir le temps à venir
entre l'ail des bois et les crosses de violons,
pour être rené avec tous les remèdes de lièvre
qu'on retrouvera dans le bois

ma mignonne, ma mignonnette 
Il y a longtemps qu'on fait de la politique
disent les belles McGarrigle
Mais quel est l'enjeu de la chanson?
Après l'eau d'érable qui ressuscite le dedans
viendront sous les feuilles bises, mortes naguère
les échappées rabougrises, les échappatoires de lèvres,
les échauffourées, les coupures épistémologiques!
Rappelle-toi mamie les pommiers en fleurs au huit de mai
Rappelle-toi le comité de la franche insurrection 

presque invisible comme chants d'oiseaux
au loin dans leur miracle qui miroite
Rappelle-toi donc que je te veux vivante
et sacrée au plus profond de nos ébats.


07 avril 2015

Élan global, le manifeste

J'ai signé.

***

Un collectif de Québécois issus des milieux culturels, environnementaux, économiques, universitaires et politiques lance aujourd’hui un mouvement d’objecteurs de conscience déterminés à s’opposer à l’invasion pétrolière de notre territoire et à la destruction du climat au bénéfice de quelques-uns. Appuyés par plus de 200 citoyens de partout, y compris des représentants des Premières Nations, de tous les milieux et de toutes les générations, ils inscrivent leur dissidence devant un développement énergétique et économique non viable, injuste et antidémocratique et appellent à l’incontournable transition écologique.

Une noirceur nouvelle se répand sur le Québec. Elle a franchi les portes de notre pays. La pensée unique revient en force et s’empare de notre démocratie, elle impose une vision du monde qui colonise notre espérance. Nous nous dressons devant elle. Nous refusons.

La science est muselée chaque jour davantage. Le dogme de l’argent, de la croissance à tout prix et de ses impératifs s’empare de la raison. La parole citoyenne ploie trop souvent sous le poids de la propagande d’intérêts puissants qui s’approprient le bien commun.

La croissance infinie est impossible dans une biosphère dont les ressources sont limitées et en déclin. Celles et ceux qui prétendent le contraire prônent la pensée magique. La lucidité scientifique impose notre réveil. Elle en appelle à une grande transition écologique de notre économie.

Les signaux d’alarme se multiplient. La survie même de notre espèce est mise en cause. Les populations d’espèces sauvages de notre planète ont diminué de moitié en 40 ans. Les océans s’acidifient. Les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont atteint un seuil qui nous rapproche de l’irréversible. La science est claire : pour éviter un dérèglement irréversible de notre climat, l’essentiel des réserves de combustibles fossiles doivent demeurer enfouies dans le sol. Extraire le pétrole à notre tour devient carrément immoral dans ces circonstances.

Quel est ce monde où la création de richesses s’appuie sur l’éradication de la vie ? Nous sommes les dernières générations à pouvoir empêcher l’irréparable. Nous ne serons pas complices de l’implacable destruction de notre avenir. À ce stade de notre histoire, notre inaction est devenue le symptôme de notre échec moral.

Rien de ceci ne se fait, ne se fera en notre nom.

Dissidence

Devant l’urgence, nous inscrivons notre dissidence. Nous nous déclarons objectrices et objecteurs de conscience. Nous retirons notre confiance aux gouvernements qui endossent le pillage du bien commun au profit de l’enrichissement de quelques-uns.

Nous avons le devoir de résister à l’invasion systématique de notre territoire par les pétrolières et par de puissants intérêts financiers. Le Québec a fondé sa modernité sur des valeurs fondamentales, dont l’énergie propre et le partage des richesses. C’est ce que nous sommes. C’est ce que nous voulons être. Nous exigeons le respect de cette identité.

De chaque côté du Saint-Laurent, soyons celles et ceux qui éclairent le chemin et agissons.

En conséquence :

Nous exigeons la fin des projets d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbures en sol québécois.

Nous refusons tout passage de pétrole à des fins d’exportation sur notre territoire, que ce soit par train, oléoduc ou navire-citerne.

Nous exigeons l’adoption par le gouvernement du Québec d’un plan crédible pour réduire notre consommation de pétrole de 50 % d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone pour 2050.

Nous exigeons que la Caisse de dépôt et placement du Québec désinvestisse le secteur des combustibles fossiles. Nous demandons aux autres gestionnaires de fonds d’investissement dont les capitaux proviennent de citoyennes et citoyens d’en faire autant. Nous agirons aussi individuellement. L’argent de nos retraites ne doit pas appauvrir nos enfants. Il doit servir à assurer leur avenir.

Nous avons la chance de vivre sur un territoire qui regorge de sources d’énergie renouvelables. Certaines ont déjà été harnachées en inondant la taïga, en déplaçant des nations autochtones, en détournant des rivières et en noyant épinettes, lichens et caribous. Il est de notre responsabilité de cesser de gaspiller cette énergie et de la faire travailler pour créer ici un modèle de transition écologique auquel d’autres emboîteront le pas.

Nous nous engageons à consommer moins, à produire mieux et à contribuer à la construction d’une économie qui permettra l’amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en protégeant l’environnement.

Nous avons tout ce qu’il faut pour écologiser et humaniser notre économie. Pour entamer la transition, mobilisons talents et ressources pour la préservation de la planète et l’épanouissement des humains qui l’habitent. Créons ensemble un autre modèle en misant sur l’avenir.

Nous sommes de plus en plus nombreux à porter la voix du changement. Restons solidaires, au-delà de toutes frontières. Participons à l’éveil démocratique, à ce nouvel élan bâtisseur et créateur qui se porte à la défense du bien commun, de l’intérêt général, et qui milite sous de multiples formes avec courage pour la suite de notre monde.

Nous ne sommes pas des colonnes de chiffres. Nous sommes l’avenir. Notre engagement et notre mobilisation portent l’espoir d’une prospérité qui ne se calcule pas qu’en dollars.

Les solutions existent. Nous avons les moyens technologiques et humains qui permettent de lancer un vaste chantier de développement véritablement durable, viable, juste et équitable. Nous avons le devoir de devenir les leaders de ce nouvel élan global qui marquera le XXIe siècle.

Le Québec a fait maintes fois la preuve de sa capacité à mener de grands changements, avec audace, sérieux et ingéniosité. Nos révolutions sont tranquilles, mais ce sont de vraies révolutions. Elles peuvent inspirer le monde entier.

Que celles et ceux prêts à s’engager dans cette aventure se joignent à nous : de Chisasibi à Port-Menier, de Salluit à Montréal, en passant par Québec, Chicoutimi, Gaspé, Ristigouche, Cacouna, Trois-Rivières et Sorel. Dans chaque ville et chaque village, avançons la tête haute. Comme dans la chanson de Vigneault, roulons comme baril de poudre, passons comme glace en débâcle. Ensemble, semons l’espoir.

Rallumons les feux le long de ce fleuve qui nous traverse et sur tout le territoire. Éclairons-nous les uns les autres, animés de l’amour de nos enfants, de notre pays et de notre planète.

Déferlons par milliers. Lançons la lutte pour le respect de la science, de la vie, de la démocratie.

L’eau du fleuve coule dans nos veines. Ne laissons pas la cupidité porter atteinte ni à la vie des bélugas ni à la nôtre.

Honorons la mémoire de nos frères et de nos soeurs disparus lors de la tragédie de Lac-Mégantic.

Apportons notre soutien aux Premières Nations dans leurs luttes pour protéger leurs territoires.

Protégeons nos enfants, nos petits-enfants et ceux et celles qui suivront.

Aujourd’hui, nous proclamons notre droit de vivre dans un environnement sain et sécuritaire.

Nous nous interposerons par tous les moyens de résistance pacifique dont nous disposons.

Nous ne nous battons pas pour la nature. Nous sommes la nature.

Nous sommes la nature qui reprend ses droits.

Rien n’arrêtera notre élan.

Serge Bec, troubadour


Monsieur Serge Flûte à Bec en langue d'oc :
« Je t'ai aimée dans l'achèvement des sens
quand la lune s'ébroue dans tes yeux
avec son regard de Joconde gloutonne
et excite le ciel qui s'en mêle
et détruit insidieusement ton sommeil
où je me réfugie depuis la naissance
du monde comme dans le néant de l'amour [...]»
https://soundcloud.com/occitanica-m-diath-que-num…/…/s-h1Og7

Mouvement étudiant québécois 2015 : regarder en avant?



Quand un mouvement se lance des roches à lui-même, on ne peut généralement pas escompter la joie et faire avancer sa cause. On compte plutôt les morts. Je repense en ces moments-là à l'exigeante rigueur d'une Madeleine Parent qui n'a jamais sacrifié l'objectif de l'unité syndicale et politique malgré les intérêts des parties en cause, les egos, la spontanéité, la complexité des enjeux, les cultures différentiées... Bref, je suis de ceux qui saluent les étudiants qui ont le courage de lutter contre l'austérité et les dogmes du gouvernement Couillard élu il y a un an pile et je n'ai aucune compétence pour juger des décisions internes de l'ASSÉ en particulier. Mais je m'interroge sur la suite de ce « Printemps 2015 » dans les boquettes de la répression. À suivre.

On trouvera deux papiers assez durs envers les étudiants dans Le Devoir d'aujourd'hui, 7 avril 2015, sous la plume de Josée Boileau et celle de Jean-François Nadeau.    


L'Humanité et le mouvement de grêve des étudiants québécois


Romane Frachon, journal l'Humanité, 3 avril 2015 

Nous on est dins lo vent!

Dans le vent flottent ces restants 
de brindilles de pacages
d’où viendront encore pour un temps
avec leur éternel bagage animal
rempli de clins d’œil de papillons
les écartelés de la campagne
qui vivent d’eau fraîche
et de rêveries nomades
dans leur petit bachelard
au sous-sol à jeun
où s’enfoncent couleur pablo
« leurs vieilles mains solitaires »
d’immigrants
gibelottes ardentes oubliées
plus loin que l’ombre de l’Orford
à travers bouleaux jolis
et joyeuses branches abénaquises,
enchevêtrement de peuples
à tête de hibou sur lignes de vie
aux langues de papilles continentales
d’orange et de café, de pimbina
de luzerne à présent germée en petit pot,
de papillons, de mouches à feu
paroles qui seront à la mode
sur feuille à musique cascalhejant
dans le gutturural qui ruisselle
comme dirait 
de sa Provence d'Oc
monsieur Flûte à Bec en personne,
ce sont peut-être çà et là
traces d’oiseaux,
des psaumes de jeunesse
« dins lo vent »

06 avril 2015

Monsieur Parizeau au 21e

Retour en ville ce matin en auto, entendu chemin faisant à la radio l'interview de fond de Michel Lacombe à son 21e, avec Jacques Parizeau. Comme dirait Monsieur, rencontre des plus inspirantes à plusieurs égards. À propos du Québec actuel, bien sûr, sur le P.Q. dévasté (ni par QS, ni par ON, mais par lui-même!), le dogme religieux du déficit zéro, la tendance nombriliste ici à déformer le monde dans lequel on vit faute de formation en histoire, en géographie (non, le Québec des lucides n'est pas la Grèce!), sur la nécesssité de raisonner en économie, sur les perspectives d'une nouvelle révolution industrielle qui nous pend au bout du nez avec l'imprimante en 3D, à propos de nombreux jeunes Québécois ambitieux des 30-40 ans qui réussissent dans tous les domaines, sur l'avenir à préparer avec enthousiasme, mais aussi, avec aplomb et humanité, on y entend quelques confidences sur la fin sereine de sa propre vie que l'ancien Premier ministre voit venir, fatalement, à 84 ans. Vraiment majeur.

05 avril 2015

Ensevelissement


Quand Michel X Côté avec ses grandes oreilles et ses madriers venait faire du ménage dans mes poèmes, les mots revolaient en calvore, c’était très country baby !
Nous devisions comme des ancêtres sur la main heureuse et la parfaite semence à mettre en terre pour forger sagesse et chansons.
C'était bien avant le vol de la Caisse Populaire.
C'était d'abord les disques qui crissent et heurtent les roches souterraines oubliées dans les labours. Musique d’éclisses et de métal hurlant. Flammèches. Pas d'arcanson. Fait peur au chien. Du moins, j'ai une idée très très ancienne de ce que signifie herser, strier, laisser des marques, des saillies, émietter, ameublir, rendre amical, apprivoiser, puis laisser le vent faire ses marées au faîte des arbres dans la fraîcheur de la terre attendrie...
Cela remonte jusqu'au bâton, jusqu’à la pierre pointue, jusqu’aux pieds calleux, jusqu’au point de fusion du sol avec le soleil; cela remonte jusqu’aux doigts aimantés des Irakiennes qui ont inventé en cachette l'agriculture dans la nuée des mouches de la pauvreté et sous la réprobation générale des hommes.
Révolution de la langue, des petits fruits, du sexe nomade. Puis la ville émergera, et l'agora et les bla-bla, la descente des dieux, les tapis de Turquie, l'herbe coupée sous le pied...
Herser la terre c'est comme écrire nu-tête sur l'ardoise bleue de l'horizon. C'est jouer des cymbales. Herser vient après les sillons toutefois. Mais le poème, les vers viennent avant la charrue! Comme l’amour vient avant le mélange de l’enfance.
Quand même étrange : les poèmes à l'air viennent avant la tête en friche!
Je m'excuse d'ordonner ainsi l'Univers rural comme si j'y connaissais quelque chose, comme si cela avait du sens de dire que les mots retentissants sont avant les bœufs, avant les chevaux, avant même les ânes et les chameaux, avant Bob Dylan.
Mais c’est ainsi que ça pousse. Et que ça bouille!

04 avril 2015

La France que j'aime

Ce soir, nous avons écouté sans broncher l'Hommage à Jean Ferrat retransmis sur tv5. 

Un aperçu ici dans ce court topo, car il y a aussi un disque récent en hommage à Ferrat, Chansons de liberté, dont la plupart des interprètes étaient au Grand show animé par l'emblématique et très pro Michel Drucker, lui-même très lié à Ferrat.

 Hubert-Félix Thiéfaine (vu au Spectrum de Montréal en 1990) y a interprété Nuit et Brouillard. Dieu seul sait comment cette chanson a pu me marquer adolescent même si je n'en saisissais pas tout le sens. Plus tard dans nos années de philo à l'université, l'ami feu Michael Thomas Gurrie venait chez moi les vendredis soir. Nous écoutions sur mon tourne-disque surtout Dylan, Cohen et Ferrat, et souventes fois Nuit et Brouillard en boucle — il fallait de la précision pour que l'aiguille tombe pile dans l'espace de la plage...


H-F Thiefaine - Nuit et brouillard - Ferrat le... par cralinou

03 avril 2015

Manif en accéléré

Grosse manif aujourd'hui à Montréal contre l'austérité vue par Madoc (Mario Jean) au son de Bella ciao!

Ici, le topo de Radio-Canada.

Rumeur

De l'île aux Moulins j'entends
ta voix rauque gênée 
par en dessous
de la glace
avec tes ardeurs de sources
de rivières qui ioulent,
un zeste d’écorce brunâtre
éparpillé sur ta poitrine...
au travers les étoiles en fuite ce matin
les souris grelottent au vent
les grenouilles trémulent
les dorés picotés gris dans tes yeux
roulent au fond du lac
Massawippi
Croasse, croasse printemps!

Sarko meurt accidentellement...

Ein bonne!